« Nous sommes dimensionnés pour accompagner les projets d’éoliennes en mer »

25 Jan 2021
Eoliennes en mer Normandie
© Kapook iStock

La Normandie championne de la transition énergétique ? La Caisse d’Epargne Normandie y croit et accentue son soutien au secteur. Sa nouvelle direction de l’Ingénierie financière l’aide à se positionner sur les grands investissements, notamment dans l’éolien offshore. Le point sur la stratégie avec Philippe Viland (membre du Directoire) et Nathalie Guaquière (directrice de l’Ingénierie financière).

Photovoltaïque, méthanisation, éolien terrestre… Déjà bien engagée auprès des acteurs de la transition énergétique en Normandie , la Caisse d’Epargne Normandie suit de près l’émergence de la filière majeure que sera l’éolien en mer. Dans les prochaines années, la France comptera en effet huit parcs, dont la moitié pour la seule Normandie.

Les projets changent d’échelle

La Caisse d’Epargne Normandie, par le passé, a ainsi participé au montage financier de l’imposant bâtiment de l’usine de pales de LM Wind Power à Cherbourg. À l’heure du lancement des chantiers au large des côtes normandes, les projets changent de dimension, chaque parc représentant 1,5 à 2 milliards d’euros d’investissements pour les consortiums attributaires.

La Caisse d’Epargne Normandie s’adapte à ce changement d’échelle, comme l’illustre la création d’une direction de l’Ingénierie financière, début 2019. « Cette structure nous donne un coup d’avance notamment sur les financements d’infrastructures, de l’éolien en mer ou terrestre », résument Nathalie Guaquière, sa directrice et Philippe Viland, membre du Directoire de la Caisse d’Epargne Normandie. Interview.

Philippe Viland et Nathalie Guaquière
Philippe Viland (membre du Directoire de la Caisse d’Epargne Normandie) et Nathalie Guaquière (directrice de l’Ingénierie financière). © Julien Paquin / Aprim

Peut-on dire que la Caisse d’Epargne Normandie veut être un acteur essentiel des transitions énergétiques en Normandie ?

Philippe Viland. « Oui. C’est dans notre ADN de vouloir stimuler la transition vers le développement durable. Depuis leur naissance, les Caisses d’Epargne accompagnent les mouvements de fond qui font progresser la société. Aujourd’hui, les champs se situent notamment sur le plan écologique. »

Quel est le potentiel normand sur ces nouvelles énergies ?

Philippe Viland. « Il est énorme. La Normandie a déjà une grande tradition énergéticienne et un fort potentiel en matière d’énergies renouvelables. Mais il n’est pas encore assez exploité. Nous voulons accompagner son décollage en nous positionnant comme un partenaire des grands acteurs et des porteurs de projets. »

Quels sont les atouts de ce nouveau paysage énergétique normand ?

Philippe Viland. « Il y a d’abord l’éolien en mer, puisque quatre des huit grands projets de parcs offshore français sont situés en Normandie. Ce qui fait de nous la région leader pour l’éolien en mer. La Caisse d’Epargne Normandie est déjà présente sur le lancement de cette filière d’avenir, elle entend garder un coup d’avance.

Mais il ne faut pas négliger le solaire et surtout le champ très ouvert des bio-énergies : méthanisation, bois-énergie, biomasse. Accompagner ce développement a beaucoup de sens au regard du potentiel et de l’importance de la filière agricole en Normandie. »

La transition énergétique, est-ce seulement les grands projets ?

Philippe Viland. « Non, c’est aussi le quotidien des Normands, sur les champs de l’habitat et de l’immobilier notamment, sur lesquels la Caisse d’Epargne Normandie est très présente.
En tant que financeur des collectivités et des particuliers, en tant qu’investisseur sur des résidences séniors, des équipements d’exploitation ou des bâtiments professionnels, nous sommes dans une position stratégique pour accélérer la transition énergétique dans le quotidien des particuliers et des entreprises.

Nous sommes aussi opérateur du logement social, en lien étroit avec des bailleurs qui affichent des objectifs clairs de réduction de la facture énergétique. Nous pouvons donc activer des leviers vers l’autoconsommation, en éolien ou photovoltaïque.

Enfin, en tant que banque engagée, nous voulons aussi permettre aux Normands d’être directement utiles à des projets de transition énergétique en région. C’est le cas avec Kiwaï, la première plateforme normande de crowdlending, financement participatif par prêt, dédiée à la transition écologique. Lancée fin 2019 avec le soutien de la Région, elle offre la possibilité d’une d’épargne verte, les financements de projets sont 100% garantis par la Caisse d’Epargne Normandie. C’est unique en France. »

En quoi la création d’une direction de l’Ingénierie financière (DIF) vous permet-elle d’offrir une réponse mieux adaptée aux besoins de financement des grands projets ?

Philippe Viland. « Notre stratégie d’intervention sur des grands projets comme l’éolien offshore est de syndiquer auprès de plusieurs banques, en vue d’une participation collective. Il faut avoir en tête que chacun de ces projets est considérable, entre 1 et 2 milliards d’euros.

Nathalie Guaquière. « Le rôle de la DIF est de faciliter la création d’un pool de banque pour accompagner le porteur de projet. C’est un outil qui nous manquait. Créée en 2019, elle augmente notre force de frappe, notamment sur les financements d’infrastructures. Avec elle, nous sommes désormais une équipe dédiée de 6 collaborateurs. C’est vecteur de crédibilité, à la fois pour rallier d’autres banques et pour parler aux investisseurs. 
Elle nous donne les moyens d’accompagner les projets de financement structurés, qu’ils portent sur des entreprises ou des financements de grandes infrastructures, comme l’éolien offshore. Nous nous sommes testés sur le projet du parc de Saint-Nazaire, nous avons ensuite pris le lead sur celui de Fécamp. Au final, notre intention est de jouer un rôle actif sur le financement des 4 projets normands. »

Et pour l’éolien offshore ?

Nathalie Guaquière. « C’est un outil clé. Au sein de la DIF, une personne est entièrement dédiée aux Energies Marines Renouvelables. C’est un facteur de visibilité auprès des acteurs et des partenaires, une courroie avec les autres caisses et les autres banques du Groupe.

Globalement, cette organisation nous donne la capacité à être chef de file, à coordonner une réponse pour participer à un financement sur de grands projets, à commencer par l’éolien offshore. Nous l’avons fait sur Fécamp, et même auparavant Saint-Nazaire.
Depuis sa création en 2019, la DIF a déjà atteint ses objectifs. En 2020, elle a pesé pour près de 300M€ de crédit, dont 20% sur des projets liés à la transition énergétique. En matière d’éolien offshore, la Caisse d’Epargne Normandie est aussi engagée de manière significative
en tant que prêteur sur le projet de Fécamp, sur Saint-Nazaire. »

Quelles sont les compétences particulières mobilisées dans cette équipe ?

Nathalie Guaquière. « Pour monter de telles opérations, la DIF mobilise des compétences spécifiques. Nous ne sommes plus dans du crédit classique, la part juridique y est importante et pointue.
Pour être capable d’élaborer et de valider assez vite une offre pertinente, il faut savoir vérifier le modèle économique, avoir une bonne analyse de la documentation financière liée au projet. Il faut maîtriser le langage des crédits structurés, savoir le mettre en forme. Et une fois les contrats signés, il faut aussi assurer la phase de consolidation et le suivi de l’opération. Ça aussi c’est une force. » 

Eolien offshore « Nous sommes dimensionnés pour accompagner les projets d’éoliennes en mer »

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