Un Normand sur six vit dans une Habitation à loyer modéré (HLM). Acteur historique du logement social, la Caisse d’Epargne Normandie en est devenue un acteur clé. Angèle Pasquier, directrice de l’Immobilier, Institutionnel et Personnes protégées à la Caisse d’Epargne Normandie, revient sur cet engagement et dresse les perspectives d’avenir.
Qu’est-ce qui explique les liens forts entre la Caisse d’Epargne Normandie et le logement social ?
« Notre histoire au service du territoire depuis plus de 200 ans, nos engagements sociétaux d’origine et notre ancrage territorial. L’Habitat à bon marché est né au Havre au début du XIXème siècle avec le député Jules Siegfried. La loi qui porte d’ailleurs son nom encourage à partir de 1894 la création d’organismes d’habitations à bon marché.
Très tôt, dès 1912, les Caisses d’Epargne soutiennent les organismes du logement social encore balbutiants. Et si, au fil du temps, plusieurs d’entre elles ont fait le choix de céder leurs participations, le nôtre en Normandie a été de les garder. A côté des Offices publics de l’habitat (OPH), nous sommes ainsi devenus le 1er acteur privé en restant au cœur des établissements, qu’ils soient Entreprise sociale pour l’habitat (ESH), coopérative ou SEM immobilière en Normandie. »
« La Caisse d’Epargne Normandie est présente au capital de plus de 20 établissements privés (soit deux sociétés normandes sur trois) dont deux à titre majoritaire : Logéal Immobilière en Seine-Maritime (77,41%) et la SA HLM du Cotentin (64,60%). »
« Cet engagement nous permet de siéger dans les conseils d’administration au cœur de l’information. Nous connaissons ainsi la vie de ces entreprises et participons aux différentes décisions stratégiques. »
L’an dernier, une nouvelle étape a été franchie. Laquelle ?
« En juin 2020 en effet, la Caisse d’Epargne Normandie a permis la création de la Société anonyme de coordination (SAC), Territoire & Habitat Normand, première société d’HLM normande qui regroupe 8 membres et 500 collaborateurs. Elle totalise désormais 40.000 logements, 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et 160 à 200 millions d’euros de capacité d’investissements annuels. Cette création répond à la Loi Elan qui augure une profonde transformation du paysage du logement social en accélérant le rythme de concentration des organismes d’HLM (gérant moins de 12.000 logements). »
Quel but poursuivez-vous ?
« En créant cette SAC, au-delà d’être leader, nous souhaitons faire partie de l’histoire du logement social en Normandie. C’est dans notre ADN. Nous avons vraiment la volonté d’être un partenaire de référence auprès des offices publics et privés. Notre engagement financier en témoigne. Nous sommes devenus « LE » banquier du logement social, banquier du 1er cercle. Ce marché représente 13% du PNB de la BDR qui s’élève à 5,3 millions d’euros, alors que la moyenne des autres Caisses est de 9,3%. »
Quelle évolution souhaitez-vous donner ?
« Notre mission est d’accompagner les bailleurs sociaux dans les nouveaux défis qu’ils ont à relever, comme la rénovation du parc existant, la prise en compte des nouveaux besoins liés au vieillissement de la population et au handicap, ou encore le développement de la promotion immobilière.
Nous avons imaginé par exemple un produit très innovant avec une nouvelle offre de crédit long terme (40 à 50 ans) mise en place en 2020. Il s’agit d’une dette à taux fixe qui permet de piloter l’activité de bailleurs. Une première opération a pu être menée avec Logéal Immobilière, suivie par d’autres, très appréciées de nos clients.
Le Prêt à Impact est aussi à destination des bailleurs et promoteurs. Il leur permet de déterminer le taux d’intérêt en fonction d’engagements non financiers (réduction des émissions à effet de serre, évolution des logements d’une étiquette E à D par exemple). Ceux-ci sont déterminés préalablement avec le client.
De même, nous souhaitons accompagner le crédit aux particuliers avec le Prêt social location-accession (PSLA), en partenariat avec Logéal Immobilière. Le Bail réel solidaire (BRS) est une autre solution mise en place avec Logéo Seine, basée sur une location à longue durée (99 ans) permettant au titulaire de détenir la propriété du logement sans celle du terrain sur lequel le bien est édifié.
De nouveaux enjeux sont à relever. Comment la Caisse d’Epargne Normandie entend y faire face ?
« Le logement social se transforme et nous voulons poursuivre notre engagement aux côté des acteurs en continuant à nouer des partenariats, à créer des synergies et à innover. Notre mission reste d’anticiper au mieux les besoins de nos clients et ainsi de leur « être utile ».
Avec Territoire & Habitat Normand, nous nous plaçons au croisement de l’écosystème normand. Nous accompagnons à la fois les collectivités territoriales dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques locales mais aussi les promoteurs immobiliers. Nous participons à des foncières pour la redynamisation de centres-villes. Notre objectif est d’apporter les bonnes réponses aux défis de l’habitat social et aux enjeux territoriaux d’aujourd’hui et de demain. »
Les logements sociaux en Normandie
Avec plus de 292.000 logements locatifs (chiffres 2015), la Normandie fait partie des régions les mieux dotées. La progression se poursuit avec la construction chaque année d’en moyenne 4 000 nouveaux logements. Mais de fortes disparités régionales existent : le département de Seine-Maritime concentre ainsi 47% des logements sociaux de la région. L’Orne n’en possède que 7%, l’Eure 14%, le Calvados 19% et la Manche 13%.
En Normandie, 9 offices publics de l’habitat gèrent 45% des logements sociaux soit 130 000 logements et une trentaine de structures privées gèrent les 162 000 autres logements (55% du parc social locatif normand). La Caisse d’Epargne Normandie est présente au capital de plus de 20 établissements privés dont Logéal Immobilière en Seine- Maritime et la SA HLM du Cotentin où elle est majoritaire.