La Caisse d’Epargne Normandie suit de très près la création des grands parcs offshore en Normandie. Une évidence pour la banque régionale qui place l’attractivité et la croissance durable du territoire au cœur de sa raison d’être. Elle est aujourd’hui structurée pour aller encore plus loin, comme le rappelle Christophe Descos, membre de son Directoire.
Pourquoi la Caisse d’Epargne s’est-elle positionnée très tôt sur l’accompagnement de la filière de l’éolien offshore en Normandie ?
Nous sommes une banque territoriale au service du développement régional. Il est donc crucial pour nous d’accompagner une activité aussi stratégique pour le développement régional et qui ne va cesser de grandir.
Il faut avoir en tête qu’avec les éoliennes en mer, c’est une vraie filière qui émerge.
Elle consolide l’indépendance énergétique française et fait de la Normandie une championne de la transition énergétique.
Un exemple, pour situer l’enjeu : un parc éolien comme Fécamp, mis en service cette année, produit les besoins en électricité de la moitié des foyers de Seine-Maritime. On est donc vraiment sur des parcs majeurs, de grande dimension.
Et le potentiel d’avenir est encore important, avec un littoral normand bien adapté, avec ses couloirs de vent et une faible profondeur en Manche.
Les parcs de Fécamp, Courseulles et Dieppe-Le Tréport seront tous les trois en activité en 2026. Deux autres parcs sont déjà annoncés au large de Barfleur pour 2032. Et on peut s’attendre à d’autres projets à plus long terme.
Quels sont les fondements de l’engagement de la Caisse d’Epargne Normandie vers la transition énergétique ? Sur quoi s’appuie cet engagement ?
La filière normande de l’éolien offshore est régionale et elle produit une énergie décarbonée. L’accompagner est totalement cohérent avec notre trajectoire de banque à impact, pionnière des transitions sur notre territoire.
Il faut rappeler que la Caisse d’Epargne Normandie est certifiée B Corp depuis 2020, pour ses engagements sociétaux. Elle a inscrit dans sa raison d’être son engagement pour « l’attractivité et la croissance durable de la Normandie ».
Nous sommes donc pleinement alignés avec nos valeurs en nous engageant aux côtés des acteurs de l’éolien en mer.
Comment se traduit concrètement cette implication de la Caisse d’Epargne Normandie sur les projets éoliens offshore normands ?
Nous sommes engagés dans tous les projets d’éolien en mer normands déjà construits ou en cours de construction : Fécamp, Courseulles, Dieppe–Le Tréport.
C’est la preuve que nous sommes un acteur légitime pour participer aux montages financiers de ces projets de grande ampleur. Nous avons pu y démontrer notre capacité à apporter un conseil sur-mesure et une expertise, particulièrement à travers notre direction de l’ingénierie financière lancée en 2019 ; mais aussi via le fonds ENR Caisse d’Epargne, dont nous sommes à l’origine, et qui donne aux Caisses d’Epargne une plus grande capacité à devenir arrangeur sur ces opérations qui pèsent en moyenne 2 à 3 milliards d’euros.
Nous disposons donc d’une vraie force de frappe, qui nous a permis de participer aux pools bancaires sur ces opérations. Concrètement, sur un financement de parc, notre participation se situe à hauteur de 150 M€, y compris la part du Fonds ENR Caisse d’Epargne.
Vous avez aussi créé Kiwaï, une plateforme de financement participatif sur les projets « green » assez unique. Pourquoi ?
Dans l’éolien maritime renouvelable, la question de l’acceptation citoyenne est fondamentale, il ne faut surtout pas la minorer. Même si la filière est avantageuse en termes de compétitivité, de décarbonation, et qu’elle génère des retombées économiques favorables, il ne faut pas minimiser les craintes légitimes autour des impacts d’un parc en mer sur le paysage ou sur les activités pêche et tourisme.
C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons créé en 2019 la plateforme de financement participatif Kiwaï, pionnière en matière de financement de projets durables en Normandie. Il s’agit de permettre à tous de participer concrètement au lancement de ces projets green, et c’est aussi un bon baromètre pour mesurer leur niveau d’acceptation de la part du public.
Kiwaï a donc accompagné la création du parc de Fécamp et les retours ont été excellents, avec 500 participants normands (pour 750 000 €) et un écho très positif. Nous allons renouveler la démarche pour le futur parc de Courseulles-sur-Mer attendu en 2025, avec un objectif autour du million d’euros.
Sur quels autres outils repose l’expertise technique de la Caisse d’Epargne Normandie sur l’éolien en mer ?
Deux autres acteurs sont en première ligne sur cette filière. D’abord nos banquiers « Green Business », au sein de notre banque d’affaires Axe CEN. Ils travaillent surtout avec nos centres d’affaires auprès des entreprises sous-traitantes impliquées dans ces grands projets.
Compte-tenu de l’expertise technique requise sur ces projets, l’appui opérationnel du Groupe BPCE via Natixis est également un atout supplémentaire pour nous. Avec sa direction Energie, il nous aide à avoir les bons réflexes pour arranger ces financements.
Enfin, Energéco, filiale de BPCE, spécialisée sur les projets ENR et très experte sur la gestion financière de ces projets, tant au moment du montage que dans la gestion sur la durée.
Vous semblez avoir constitué une dream team ENR finalement ? Avec cette organisation bien huilée, comment vous projetez-vous dans l’avenir ?
Oui, tout ce travail collectif nous permet de nous intégrer avec succès à ces projets. Nous avons créé une belle mécanique, qui nous met en bonne position pour jouer un rôle sur ces opérations.
À l’avenir, de nouveaux parcs éoliens en mer se profilent à l’horizon, à commencer par les parcs Centre Manche 1 et 2, attendus pour 2032 au large de Barfleur, dimensionnés pour les besoins électriques d’environ 2 millions d’habitants. Nous nous tenons prêts à accompagner ces projets.
Vous observez depuis longtemps déjà les expérimentations autour de l’hydrolien. Est-ce toujours une piste d’actualité pour la Caisse d’Epargne Normandie ?
Totalement. Les énergies marines renouvelables, ce sont aussi les hydroliennes, une filière à laquelle nous croyons toujours. Elle est portée par des acteurs que nous connaissons bien et la Normandie en est l’un des terrains les plus propices en Europe, avec les courants du Raz Blanchard.
Nous suivons donc de très près l’avancement des deux projets de fermes hydroliennes sur ce secteur, portés par des opérateurs de qualité. Nous sommes prêts à jouer là encore notre rôle de banque du territoire et à accompagner cette nouvelle filière, le moment venu.
Ce savoir-faire Caisse d’Epargne Normandie sur les ENR pourrait-il s’exporter ?
Oui, au-delà de la Normandie, nous pouvons aussi envisager de valoriser notre savoir-faire en matière de financement des ENR sur d’autres secteurs géographiques.
Par le passé, nous avons été partie prenante d’un montage en Bretagne, pour le parc éolien offshore de Saint-Nazaire. À l’avenir, nous espérons bien jouer un rôle avec les autres Caisses d’Epargne du littoral, également actives sur le sujet.