Pour encourager la méthanisation en Normandie, le plan MéthaNormandie a été activé en 2018 par la Région et l’ADEME. Il vise les 300 sites de production de biogaz pour 2030 et porte déjà ses fruits. L’éclairage de Madeleine Breguet, en charge de ce programme à la Chambre d’Agriculture de Normandie.
Chaque mois ou presque, le chiffre augmente. La Normandie compte aujourd’hui 164 unités de méthanisation (chiffre janvier 2023) produisant du biogaz. « La Normandie a rattrapé son retard sur des régions comme la Bretagne et le Grand-Est, qui avaient démarré fort », commente Madeleine Breguet, chef de projets Bioénergies à la Chambre d’Agriculture de Normandie.
Cette ingénieure agronome est mobilisée sur le programme MéthaNormandie lancé par la Région et l’ADEME en 2018. « Cette année-là, elle s’est donnée des objectifs ambitieux, dans le cadre de son SRADDET (1) », rappelle la technicienne. D’ici 2030, la Région vise en effet d’injecter une part de 10 % de biogaz normand dans ses réseaux gaz et 300 méthaniseurs en activité. Le plan MéthaNormandie a joué un rôle d’accélérateur, comme le rappelle Madeleine Breguet, ici en vidéo.
La Normandie dans le peloton de tête
Aujourd’hui, les prévisions pour la filière normande se confirment à la hausse. Plus de 150 projets sont annoncés. Certains déjà très avancés (une trentaine en construction et une quarantaine en instruction), une centaine d’autres en préparation.
La Normandie est donc devenue une région majeure pour la méthanisation. « Aujourd’hui, on est déjà à 50% des objectifs 2030 pour la cogénération et à 25% pour le biogaz en injection. On estime que près de 5% du gaz consommé en Normandie aujourd’hui est du gaz vert produit en région par la méthanisation », confirme Madeleine Breguet.
Le programme Métha Normandie, lancé par la Région et l’ADEME en 2018, a joué un rôle direct dans ce décollage. « Ce plan cherche à créer les conditions favorables pour atteindre les objectifs régionaux d’ici 2030. » L’une de ses forces est de rassembler largement. Soutenu également par les cinq syndicats d’énergie départementaux, il est animé par la Chambre d’Agriculture régionale et Biomasse Normandie On y retrouve aussi des services de l’Etat (DRAAF et DREAL) et les opérateurs gaziers GRDF et GRTgaz.
Animer, observer, rassurer…
Les actions du plan MéthaNormandie portent sur plusieurs axes. « D’abord animer la filière, à travers un appui aux acteurs, et notamment les porteurs de projets (souvent des agriculteurs) sur les aspects montage, construction, sur le volet technique… »
Le programme intègre également un rôle d’observatoire, à travers un suivi des installations en fonctionnement et des projets en cours. « Nous accompagnons aussi les collectivités, de plus en plus intéressées par le sujet. »
MéthaNormandie conseille également sur le volet crucial du financement, surtout en période de hausse des coûts de construction et de l’énergie. « Ces installations représentent souvent plusieurs millions d’euros d’investissements. Des financements publics sont mobilisables, ainsi, en Normandie, les fonds régionaux et européens contribuent à hauteur d’environ 10% des coûts des projets ». L’ADEME peut également accompagner le financement des études.
« Nous cherchons à promouvoir aussi d’autres formes de financement, comme le financement participatif, dont l’intérêt est aussi de faciliter l’appropriation des projets par le territoire. »
Ce fut le cas avec Kiwaï, la plateforme de crowdfunding éco-responsable 100% garantie par la Caisse d’Epargne Normandie, qui a permis de lever 150 000 € en 48 heures sur le projet Métha Baie.
La confiance par la concertation
L’acceptabilité est l’un des gros enjeux autour du développement de la méthanisation.
L’opposition des habitants est parfois virulente face à ces projets. C’est pourquoi les aides accordées dans le cadre de MéthaNormandie sont conditionnées à des critères sociétaux et environnementaux stricts. « Une charte a été signée par les partenaires pour promouvoir le dialogue territorial. L’idée est que localement les porteurs de projets informent, dialoguent, consultent le plus en amont possible. »
(1) Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires