La Caisse d’Epargne Normandie, banquier des transitions, investit dans la méthanisation

08 Fév 2023

La transition énergétique est devenue une priorité pour l’ensemble des acteurs économiques. Aurélien Valet, banquier conseil green business de la nouvelle banque d’affaires Axe CEN de la Caisse d’Epargne Normandie, la considère aussi comme une source d’opportunités. « Mon rôle est de faire émerger des solutions innovantes pour accompagner les entreprises et les collectivités dans leur transformation. Et la méthanisation est une des solutions ».

Aurélien Valet, banquier conseil green business de la nouvelle banque d’affaires Axe CEN, de la Caisse d’Epargne Normandie © CEN

Accompagner les acteurs économiques dans la transition énergétique est un véritable engagement de la Caisse d’Epargne Normandie, comment se traduit-il ?

Aurélien Valet. « Précisé dans sa raison d’être inscrite désormais dans ses statuts, cet engagement participe à l’objectif de croissance durable de son territoire qu’elle s’est fixé. La Caisse d’Epargne Normandie accompagne les entrepreneurs et les acteurs économiques dans leurs projets à impact positif. Les grands principes de cette raison d’être se concrétisent notamment dans sa politique RSE (1), et dans ses actions en faveur de l’environnement et de la transition énergétique ou encore dans sa certification B-Corp (2). »

Quels sont les enjeux liés à la méthanisation ?

« Il existe trois enjeux sur la méthanisation.

Le premier porte sur la souveraineté. Nous sommes dans un contexte extrêmement particulier au niveau de l’énergie, notamment sur le gaz, où un certain nombre de personnes ont découvert ou matérialisé notre dépendance à des pays pas toujours amicaux.

Le deuxième enjeu est lié à la notion de territorialité. Nous sommes désormais sur une réappropriation territoriale de nos moyens de production. Et la Caisse d’Epargne Normandie comme banque régionale a une véritable légitimité sur ces sujets.

Le troisième enjeu est celui de la transition environnementale. La méthanisation a l’avantage extrêmement important de ne pas utiliser d’énergie fossile. Rappelons par ailleurs que les déchets organiques qui ne sont pas récupérés se dégradent naturellement en émettant du méthane pur dans l’atmosphère. »

Comment la Caisse d’Epargne Normandie se positionne comme partenaire des acteurs de la méthanisation ?

« Nous avons un premier partenariat structurant avec Normandie Energie qui est LE cluster normand sur l’ensemble des sources d’énergie, qu’elles soient renouvelables ou non. Il nous permet de travailler en amont sur tout ce qui est feuille de route mais aussi et surtout de mettre en relation les différents acteurs : demandeurs, apporteurs de solutions ou financeurs. L’occasion de mettre en musique des solutions efficaces. »

Méthanisation
« Nous sommes désormais sur une réappropriation territoriale de nos moyens de production. » © Animaflora-PicsStock / AdobeStock

Avec quels outils ?

« La Caisse d’Epargne Normandie bénéficie d’une large palette d’outils financiers. Elle comprend des financements relativement simples comme la gamme de prêts verts sur des contrats assez standards dédiés à la transition environnementale. Quand le projet est plus ambitieux, nous pouvons mettre en place des solutions de financements complexes et structurés avec notre direction de l’ingénierie financière.

Cela peut aller jusqu’à l’intervention de Natixis avec sa filière « Energéco », et, même si c’est extrêmement rare dans les projets de méthanisation, la prise de participation dans le capital des entreprises en faisant intervenir notre direction de l’Equity.

La Caisse d’Epargne Normandie investit par ailleurs dans des sociétés d’économie mixte comme West Energies qui soutient par exemple le projet de centrale de méthanisation « Méthabio » (Département de la Manche) avec des intrants issus de fermes dont l’une est exploitée par la Fondation du Bon-Sauveur.

Autre outil très important et innovant que nous avons mis en place, Kiwaï plateforme de financement participatif dédiée aux projets de développement durable en Normandie. Elle permet à tous citoyens d’investir dans des projets avec un capital garanti pour accompagner la transition écologique sur le territoire normand. »

L’intérêt de Kiwaï dans les projets de méthanisation ?

« Avec cette plateforme de financement participatif, nous intervenons à la fois sur le volet financier mais aussi sur l’axe communication et acceptation sociétale, importante dans les projets de méthanisation. »

« Kiwaï permet d’embarquer un collectif en communiquant autour du projet, en le faisant découvrir de l’intérieur, en mettant en avant les liens existant avec l’écosystème comme dans le cadre de Métha Baie à Pontorson avec à la fois, certes un méthaniseur, mais également une activité historique autour du cheval et l’ensemble de l’industrie agroalimentaire embarquée dans le projet. »

Autres projets soutenus via Kiwaï ?

« Nous pouvons citer BinHappy, entreprise à Montivilliers près du Havre qui accompagne les professionnels dans le tri, la collecte et la valorisation de leurs biodéchets. Elle permet de maximiser la collecte en s’adressant surtout à des petits producteurs des déchets organiques (restaurateurs, entreprises, cantines scolaires/hospitalières). Cela permet ainsi d’éviter qu’ils ne partent pour une part extrêmement importante dans le circuit des ordures ménagères. »

Combien de dossiers sont actuellement en projets ?

« À des stades de développement extrêmement variés, 150 projets environ sont en cours sur le territoire normand. Nous en suivons un grand nombre. Nous entendons en financer un maximum. »

Quels sont les critères de sélection ?

« Avant tout, le caractère structurant du projet et son lien avec son écosystème. Vient ensuite la solidité technique de l’accompagnement autour du projet, la qualité de l’installateur et de l’exploitant. Et seulement à la fin, la viabilité économique et notamment le contrat de rachat qui a été négocié dans le cadre de la commission de régulation de l’énergie.

En raison de la sensibilité du sujet, il est par ailleurs indispensable pour le porteur de projet de méthanisation de travailler avec les riverains, de communiquer, de construire des formes de financements participatifs et/ou d’intégration des collectivités locales au capital. »

La Caisse d’Epargne Normandie finance-t-elle d’autres méthodes de valorisation des déchets ?

« Bien évidemment. Je peux citer notamment la pyrogazéification (3). La Caisse d’Epargne Normandie participe ainsi au projet Biosynergy au Havre avec le financement de la chaudière biomasse (déchets brûlés : récupération des calories pour chauffer l’eau du réseau urbain). Nous avons par ailleurs récompensé, dans le cadre des trophées Normandy4Good, le projet TH2 à Caen qui vise à valoriser des déchets de bois pour en faire du carburant (bio-éthanol). Nous travaillons désormais à accompagner financièrement ce projet.

Mais notre investissement est beaucoup plus large et peut s’appuyer sur l’existence du Fonds Caisse d’Epargne de 1,5 milliard dédié aux Energies Renouvelables (EnR). »

La Caisse d’Epargne Normandie a une bonne connaissance des écosystèmes EnR ?

« Nous sommes très présents sur le territoire normand, en lien constant avec les acteurs économiques. Nous bénéficions de relations fortes avec les collectivités locales et les sociétés d’économie mixte. Notre présence dans Normandie Energie nous permet par ailleurs d’être très proche de l’ensemble des énergéticiens.

Côté Ingénierie financière, les responsables d’affaires sont formés aux EnR. Et moi, en tant que banquier conseil green business de la nouvelle banque d’affaires de la Caisse d’Epargne Normandie Axe CEN, je suis dans un rôle transverse sur l’ensemble des marchés corporate. »

Justement, quel est le fonctionnement de cette nouvelle banque d’affaires normande ?

« La Caisse d’Epargne Normandie renforce son accompagnement des acteurs économiques, qu’ils soient publics, privés ou mixtes, dans leurs projets d’innovation et de croissance durable. Quatre banquiers conseil vont l’animer. Ils concentreront leur action sur quatre grands secteurs clé : le Tech & digital, la Santé, le Green business, l’Impact & l’Economie sociale et solidaire (ESS). »

Et sa vocation ?

« Être utile à notre territoire. L’objectif est d’apporter l’expertise stratégique dont ont besoin les acteurs économiques dans toutes les phases de leurs projets : analyse et montage du projet, recherche de synergies ou de partenariats, proposition de solutions de financement innovantes…

En tant que banquiers conseils, par notre positionnement sur l’ensemble des marchés corporate, nous sommes en mesure de dialoguer avec tout le monde. Axe CEN a vocation de mettre en relation une ETI, une collectivité locale et un acteur de l’ESS pour les faire travailler ensemble et concrétiser leurs projets. »

(1) RSE : responsabilité sociétale des entreprises

(2) La Caisse d’Epargne Normandie, 1ère banque française à être certifiée B-Corp

La Caisse d’Epargne Normandie a été évaluée et certifiée par l’ONG « B Lab », à l’origine du label, sur des normes sociales et environnementales rigoureuses établies à partir des meilleurs référentiels internationaux, sur 5 grands domaines d’impact : gouvernance, collaborateurs, collectivités, environnement, clients. En dehors de l’obtention d’une note minimale, la certification imposait de fournir impérativement des preuves de toutes les pratiques socialement et écologiquement responsables.

(3) La pyrogazéification complète la méthanisation en traitant les déchets solides pour produire biométhane, chaleur, hydrogène.

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