Au Havre, une énorme chaudière biomasse sort de terre. BioSynErgy alimentera en 2024 les habitations et entreprises proches, avec un faible impact carbone. Sa matière première : des bois déchets et du combustible solide de récupération (CSR), mais aussi la chaleur dégagée par les industriels de la pétrochimie.
Portée par le groupe SUEZ et Vauban Infrastructure Partners, soutenue par l’ADEME et la Région Normandie, la centrale alimentera un réseau de chaleur à la fois industriel et urbain (10 000 habitants pour commencer, 24 000 foyers à terme) sur le secteur sud de la métropole.
« Pour produire cette chaleur, BioSynErgy va réduire de manière significative la consommation d’énergie fossile et donc les émissions de CO2 », souligne Hubert Dejean de la Batie, vice-président de la Région Normandie et de la Métropole havraise, en charge notamment des énergies renouvelables.
La centrale utilisera de la biomasse, des déchets préparés (lire plus bas), et récupèrera la chaleur de certaines industries proches. Comme le résume Hubert Dejean de la Batie ici en vidéo, « l’enjeu est bien de produire notre propre énergie tout en réduisant les émissions carbone. »
Chasse à la chaleur « fatale »
« L’une des grandes originalités de BioSynErgy sera d’être raccordé à des unités de pétrochimie proches, pour en récupérer la chaleur industrielle dite « fatale », c’est-à-dire toutes ces calories perdues lors des processus de production. » Un accord a été passé avec les raffineurs proches pour réaliser les raccordements nécessaires. « C’est une première en Europe », souligne Hubert Dejean de la Batie.
Des matières premières de récupération
En plus du bois-énergie, source principale de l’approvisionnement (bois en fin de vie, bois d’emballage, d’ameublement, de démolition), la centrale sera également alimentée à 20% par des CSR (combustibles solides de récupération), préparés à partir de déchets non dangereux dont on extrait la partie humide. Le CSR peut être préparé à partir de refus de tri, de déchets d’activités économiques, de meubles ou d’encombrants. C’est une alternative à l’enfouissement. « Cette nouvelle forme de combustibles permet de produire une énergie de récupération locale, issue du territoire havrais. »
45 emplois
Le projet BioSynErgy comprend aussi, pour l’approvisionnement en combustible, la création d’une unité de préparation de biomasse et de CSR, aujourd’hui en cours de développement sur une friche industrielle réhabilitée à Rogerville. Soutenu par l’ADEME, le développement de la production des CSR est aussi intégré au PRPGD (Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets) normand.
À terme, le projet va créer 45 emplois.
Une baisse de 50 000 tonnes de CO2 fossiles
Mûri de longue date entre Suez et la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, le projet (près de 100 M€ d’investissement) permettra d’économiser chaque année 50 000 tonnes de CO2 d’origine fossile et de valoriser 90 à 100 000 tonnes de déchets non recyclables, jusque-là orientées vers l’enfouissement.
Le chantier de construction de la centrale de combustion équipée d’une chaudière biomasse a été lancé en septembre 2021 et s’achèvera fin 2023. D’une capacité de production de 43,5 MW, l’équipement va alimenter en chaleur environ 10 000 habitants dans un premier temps et des industriels proches comme Yara, Chevron ou Safran.
La Caisse d’Epargne Normandie au premier rang des financeurs
SUEZ et Vauban Infrastructure ont bouclé le financement du projet avec le concours de banques de premier rang, parmi lesquelles la Caisse d’Epargne Normandie et la Caisse d’Epargne Ile-de-France.
« Financer BioSynErgy nous est apparu comme une évidence. Nous avons travaillé avec la Caisse d’Epargne Ile-de-France pour proposer une offre adaptée à l’envergure de ce projet », souligne Bruno Goré, Président du Directoire de la Caisse d’Epargne Normandie.
On retrouve également dans les partenaires financiers les Caisses d’Epargne Loire-Centre et la Caisse d’Epargne Bretagne-Pays de Loire, ainsi qu’Arkea Banque Entreprises et Institutionnels (ABEI).