Chéreau a lancé en 2019 la première semi-remorque frigorifique à hydrogène au monde. Partenaire du laboratoire flottant Energy Observer, le groupe normand (1000 salariés) accentue sa transition énergétique et annonce deux nouveaux modèles en pré-série. Il vise une industrialisation à partir de 2025.
En France, 31 000 semi-remorques frigorifiques marchent au diesel, émettant chaque année 500 000 tonnes de CO2… Face à ce constat, Chéreau, leader sur le marché, teste des solutions pour rendre plus vertueux le secteur du transport sous chaîne du froid.
« Attendre, c’est freiner la transition énergétique, or nous voulons avoir une attitude de pionnier », souligne son PDG Damien Destremau.
Engagée dans une démarche RSE qui imprègne toutes ses activités, l’entreprise veut proposer des alternatives au diesel. Depuis 2016, on la voit très active sur le volet hydrogène. Elle investit et propose des innovations concrètes pour un transport frigorifique vertueux, comme le détaille ici en vidéo Christophe Danton, son directeur marketing et communication.
Deux nouveaux modèles en pré-série
Pour faire bouger les lignes, Chéreau investit en R&D : 3,3 millions d’euros en 2021 (en majorité vers la transition énergétique, et principalement l’hydrogène) « un montant en hausse par rapport à 2020, situe Christophe Danton. En septembre 2022, nous lançons deux nouvelles semi-remorques à hydrogène de pré-série, dans le cadre du projet VHyGO (Vallée Hydrogène Grand Ouest). »
Nom de code code « CHEREAU Hydrogen Power H2 » : une semi-remorque à hydrogène embarquant des batteries rechargeables sur secteur et par système pile à combustible hydrogène. « Les réservoirs à hydrogène sont implantés dans le châssis entre les longerons, une pile à combustible et des batteries tampons. Les véhicules sont conçus pour au moins deux jours d’autonomie en longue distance et une journée en distribution. Le plein se fait en 10 minutes seulement. »
Le groupe vise un début d’industrialisation de ces nouveaux produits pour 2025, avec une montée en puissance progressive, « pour atteindre 20 à 25% de sa production en technologie hydrogène d’ici 10 ans. »
Pour l’heure, « la phase d’essais doit encore se poursuivre, ajoute Christophe Danton. Pour passer en série il nous faudra suffisamment d’expérience et une vue pertinente sur le coût global d’exploitation »
Une première mondiale dès 2019
Le Groupe Chéreau a affirmé sa position de pionnier en 2019, avec Road, la première semi-remorque frigorifique au monde fonctionnant à hydrogène dévoilée après trois ans de mise au point. « A l’époque nous avons investi 3 M€ pour créer ce prototype (avec l’aide de l’Etat et de la Région) dont les deux caractéristiques étaient la recherche d’économie d’énergie et celle d’un carburant zéro émission. »
Depuis 2016, tout ce travail de R&D fait naître des avancées technologiques que l’entreprise industrialise progressivement : panneaux photovoltaïques embarqués, isolation par vide d’air (gain d’énergie jusqu’à 25%), aéro-dynamisme, essieu à récupération d’énergie, production électrique par hydrogène…
Chéreau embarqué avec Energy Observer
Lancer des véhicules frigorifiques à hydrogène est une chose, mais le groupe Chéreau veut aussi contribuer à valoriser la filière hydrogène en France et à promouvoir partout cette source d’énergie propre. L’entreprise est aujourd’hui partenaire d’Energy Observer, à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Ce projet multipartenarial est, entre autres, soutenu par le groupe BPCE, et prouve depuis 2017 que l’on peut produire et consommer une énergie 100% propre grâce aux énergies renouvelables et à l’hydrogène sans impact sur la nature.
De l’hydrogène à partir de l’eau de mer
Energy Observer est le premier navire autonome en énergie, zéro émission, zéro particule fine et zéro bruit. Il produit son propre hydrogène à partir de l’eau de mer. Ce navire du futur a déjà parcouru l’équivalent de deux tours du monde, soit plus de 50 000 milles nautiques à travers les mers du globe. « C’est un laboratoire sur l’eau, qui embarque en permanence 5 à 8 personnes et expérimente des innovations douces, résume Louis-Noël Viviès, directeur de projet. Il puise son énergie dans la nature sans l’abîmer et sans la gaspiller. »
En 5 ans de navigation, le navire commandé par Victorien Erussard, ex-multicoque de course océanique, a fiabilisé ses solutions embarquées : panneaux photovoltaïques, ailes de propulsion vélique, systèmes de désalinisation et d’électrolyse de l’eau (pour produire de l’hydrogène), systèmes de stockage de l’hydrogène (8 réservoirs à 350 bars), pile à combustible, collecte et traitement des datas (plus de 1000 capteurs)… Il produit l’énergie qu’il consomme sans aucune émission polluante.
Ambassadeur autour de la planète
Le projet a pris de l’ampleur et réunit une équipe de marins, scientifiques, ingénieurs et aussi reporters. « La moitié des 3,5 M€ de budget annuel d’Energy Observer est consacrée à la sensibilisation du grand public, poursuit Louis-Noël Viviès, notamment à travers des documentaires et des reportages. »
Au fil de ses escales, à la rencontre de celles et ceux qui agissent pour les 17 Objectifs de développement durable, Energy Observer est ainsi devenu l’ambassadeur de ceux qui s’engagent pour une planète plus propre et harmonieuse.
Vers le premier cargo à hydrogène au monde
Le moment est venu pour Energy Observer de transposer à plus grande échelle le fruit de ses travaux. Lors du dernier One Ocean Summit organisé à Brest en février 2022, Victorien Erussard a présenté les contours d’Energy Observer 2, un cargo zéro émission dont la mise à l’eau est prévue pour 2026.
Un futur cargo de plus de 100 mètres de long, pouvant embarquer des milliers de tonnes de marchandises avec une propulsion électro-hydrogène, équipé de piles à combustible et de batteries, doté de réservoirs d’hydrogène liquide (jusqu’à 70 tonnes) ainsi que d’un système d’ailes de propulsion vélique si besoin. « Ce sera le premier cargo à hydrogène au monde, conçu pour du transport petite ou moyenne distance, donc en intra-continental. Nous voulons qu’il soit une alternative à court terme pour remplacer les cargos de cette taille dont la flotte mondiale, de plus en plus vieillissante, représente 30 000 navires. »