Acteur historique de la santé, la Caisse d’Epargne Normandie veut peser dans le nouveau paysage des soins et de la « HealthTech » normande. A l’heure où un expert de ces questions rejoint ses effectifs, décryptage avec Angèle Pasquier, (directrice Immobilier, Institutionnel et Personnes protégées)et Denis Adolphe (directeur du marché des professionnels).
Publics ou privés, petits ou grands, sociétés ou professions libérales, soins ou recherche… La Caisse d’Epargne Normandie intervient historiquement auprès de tous les acteurs de la santé et soutient les innovations d’une « tech santé » normande en pleine éclosion. « Pour tous ces acteurs, nous sommes présents sur le volet financement, mais aussi en intervenant au capital en tant qu’investisseur, pour des start-up ou sur des projets de résidences services séniors », illustre Angèle Pasquier, au pôle BDR (Banque du Développement Régional). Grâce à cette approche 360°, les acteurs nous considèrent comme un partenaire incontournable. »
La Santé est un axe stratégique pour la Caisse d’Epargne Normandie ?
Angèle Pasquier. « C’est un véritable enjeu de société et levier de croissance. La santé est devenue un sujet essentiel pour les Français. La pandémie, lors de laquelle nous nous sommes mobilisés, nous a conduit aussi à interroger notre engagement, et notre accompagnement auprès des différents acteurs de la santé en Normandie.
« Nous voulons renforcer notre place auprès des acteurs privés et publics de la santé, pour les aider à répondre aux besoins des Normands. L’enjeu est de contribuer à améliorer l’attractivité régionale, qui passe aussi par une offre de soins de qualité et des infrastructures de pointe. »
Concrètement, comment soutenez-vous une offre de soins performante ?
Angèle Pasquier. « Nous accompagnons le secteur hospitalier, public et privé, aux côtés de l’ARS (Agence Régionale de la Santé) et de la Région Normandie.
Dans le secteur privé, nous jouons un rôle de financier auprès des cliniques et accompagnons les professionnels de santé sur le volet banque privée. Nous finançons aussi l’innovation technologique, à travers par exemple notre offre dédiée « NéoBusiness »ou Equity, pour les entreprises innovantes.
Dans le secteur public, nous sommes partenaire historique des grands établissements normands, à Rouen, Caen, Le Havre, Evreux, Elbeuf etc. Nous travaillons aussi avec des CHU et leurs antennes, dont le rôle dépasse les soins, vers la recherche et la formation. Nous sommes en lien constant avec ces acteurs et rencontrons régulièrement les décideurs des différentes structures. »
Quelle est la place de la Caisse d’Epargne Normandie sur le segment des professions libérales de santé ?
Denis Adolphe.« Nous avons en moyenne 14% de taux de pénétration sur les professions libérales de santé réglementées, ce qui nous place dans le top 3 des Caisses d’Epargne en France sur ce marché. Compte tenu de la qualité de cette cible de clientèle, la charte délégataire de la CEN octroie des pouvoirs délégataires élargis, ce qui renforce notre réactivité en termes de décision. Nous développons également de nombreuses relations à titre privé dans le domaine de leur gestion patrimoniale.
Quel est le profil de cette clientèle et son potentiel ?
Denis Adolphe.« C’est une clientèle d’indépendants, très exigeante, pour laquelle nous proposons une offre compétitive. Le potentiel de développement de cette clientèle est fort. Ces métiers vont continuer à se développer, dans le contexte de vieillissement de la population que l’on connaît. Pour faire la différence il nous faut continuer à renforcer notre expertise et notre réactivité. »
Etes-vous positionnés sur les grands chantiers de restructuration qui se profilent en Normandie ?
Angèle Pasquier. « Oui, à l’image du chantier de reconstruction du CHU de Caen (500 M€) pour lequel nous serons sollicités, puisque nous sommes « partenaires » de ce CHU depuis longtemps. Même chose avec le CHU de Rouen, où nous participons au financement des opérations de modernisation. La Caisse d’Epargne est également un partenaire historique des Centres Baclesse et Becquerel qu’elle accompagne dans ses besoins et sa gestion au quotidien. Pour le Centre Becquerel, notre dernière intervention porte particulièrement sur le projet emblématique CHB 2025 ».
Le Ségur de la Santé offre-t-il de nouvelles opportunités ?
Angèle Pasquier. « Il représente 783 M€ mobilisés en Normandie, pour moderniser les établissements, auxquels la région ajoute 200 M€, ce qui est unique en France. De quoi créer une vraie dynamique et améliorer l’attractivité de l’offre de soins en région.
Ces aides vont jouer un rôle d’amorçage, elles vont stimuler une dynamique d’investissements de la part des établissements, et notre rôle de banquier sera d’accompagnement avec du financement en complément de ces aides. Autant dire que nous serons impliqués dans les projets liés au Ségur de la santé en Normandie, et sur toutes tailles d’établissements. »
Mettez-vous en place une organisation particulière pour être mieux présent sur le secteur santé ?
Angèle Pasquier. « L’idée est d’être toujours plus en connexion avec les besoins des acteurs du territoire avec un rôle de partenaire de référence, et dans une logique 360°. C’est pourquoi nous créons dès janvier 2023 un poste de banquier conseil dédié au secteur de la santé. Il aura le profil d’un super spécialiste des questions de santé, en appui des centres d’affaires, capable de faire le lien avec tous les acteurs et partenaires de l’écosystème de la santé et de la « tech santé », comme Normandie Incubation, Seine Biopolis,les laboratoires, le Pôle Pharma ou le Pôle TES par exemple. Il sera actif au sein de ces réseaux. Il pourra faire le lien entre les besoins exprimés et nos offres, voire impulser de nouvelles offres sur-mesure. »
Et sur le marché des professions libérales, quelle est votre organisation ?
Denis Adolphe. « Depuis 2019, nous avons créé au Havre, à Caen et à Rouen 7 postes de chargés de clientèle dédiés aux professionnels règlementés de ces 3 groupes. Ils connaissent à la fois les spécificités professionnelles, souvent pointues, de ces métiers, mais aussi leurs exigences patrimoniales. Cette double compétence permet de développer une relation globale professionnelle et privée. Dans les autres groupes, les professionnels de santé sont gérés par les chargés de clientèle professionnels et les managers. »
De quels autres atouts disposez-vous ?
Denis Adolphe. « Le très bon niveau d’expertise de la CEN dans le domaine patrimonial est un atout déterminant pour capter les professions libérales. Un chargé de clientèle professionnel est souvent amené à aborder cette thématique et peut s’appuyer sur l’expertise des équipes en gestion patrimoniale. Par ailleurs, nous allons développer une « verticale santé » au sein de la Caisse d’Epargne Normandie. Le projet est de renforcer les synergies entre le marché Banque du Développement Régional (BDR) et le marché des professionnels. Nous y travaillons. »
La santé, c’est aussi un engagement philanthropique…
Privilégier les projets à impact positif sur la santé est inscrit dans la raison d’être de la Caisse d’Epargne Normandie. Cet engagement constant qui fait partie de son ADN depuis plus de 200 ans est d’ailleurs devenu un des axes du Fonds Caisse d’Epargne Normandie pour l’Initiative Solidaire qu’elle a créé en 2012.
Depuis 1983, elle soutient notamment la Fondation Charles Nicolle, acteur primordial pour les CHU et CH. Cette Fondation reconnue d’utilité publique collecte en effet des fonds pour l’achat de matériels permettant de réaliser des actions innovantes dans les hôpitaux de la Région. Entre 2009 et 2020, la Caisse d’Epargne Normandie et son fonds de dotation lui ont ainsi versé un total de 200 000 € pour l’acquisition d’équipements innovants indispensables aux praticiens hospitaliers en Normandie et pour la recherche. Bien vivre et être bien soigné en Normandie sont des ambitions partagées avec cette fondation et ses fondations abritées : Fondation Caen Normandie Santé, Fondation Jacques Monod Le Havre, Fondation Edouard Isambard à Evreux-Vernon, Fondation CHICAM Innovation à Alençon, Fondation Hôpital Mémorial Innovation à Saint-Lô. Ainsi en 2022, elle les accompagne dans la réalisation de leurs projets innovants en leur versant pour plus de 70 000 € au travers de son fonds de dotation.