Banque du développement régional, la Caisse d’Epargne Normandie renforce ses interventions sur les questions du « bien vieillir » avec une approche transversale, aux côtés des collectivités, des entreprises et des porteurs de projet. Une vision à 360° détaillée par Christophe Descos, membre du directoire de la banque régionale.
Pourquoi la Caisse d’Epargne Normandie se positionne-t-elle sur la question du « bien vieillir », en quoi y est-elle légitime ?
De tous temps, la Caisse d’Epargne Normandie a accompagné et même nourri les transitions et les grands enjeux qui impactent nos quotidiens. Sa certification B Corp témoigne de cette volonté de maintenir un fort engagement sur le terrain sociétal. Les objectifs associés à notre raison d’être sont clairs : la Caisse d’Epargne Normandie privilégie les projets à impact positif et veille à accompagner les personnes en situation de fragilité. Elle est totalement légitime sur les enjeux du vieillissement.
Quelle est votre approche pour peser positivement sur la filière « Silver économie » ?
D’abord en entretenant une réelle proximité avec les acteurs du « bien vieillir » en Normandie, à commencer par le Gérontopôle Seine Normandie. Au-delà de coordonner le travail des entreprises, des centres de recherche ou de la formation pour adapter la société au vieillissement, cette structure est un véritable think tank, en recherche constante de solutions autour des nouveaux besoins, de la compétitivité du secteur pour réduire le reste à charge et qui travaille sur des solutions de proximité, en visant le maintien des personnes sur leur bassin de vie, à commencer par le maintien à domicile.
Concrètement, comment se traduit votre engagement avec le Gérontopôle Seine Normandie ?
En étant physiquement aux côtés de ses équipes, à travers la présence régulière de Catherine Desmarais, directrice de notre Centre d’affaires Territoires, et de toute l’équipe de notre banque d’affaires Axe CEN (banquiers conseil ESS et santé), qui peut apporter aux partenaires ou adhérents du Gérontopôle une vraie valeur ajoutée, une expertise stratégique, une mise en lien avec l’écosystème et des solutions de financement adaptées, dans la réalisation de projets innovants pour la filière.
L’innovation provient toujours de la confrontation des points de vue. C’est tout l’intérêt de cette structure qui concentre des acteurs de tous les horizons. Nous nous devions de contribuer à cette feuille de route collective.
Plus largement, l’accompagnement des acteurs de la silver économie a-t-il pris une place majeure pour la Caisse d’Epargne Normandie ?
Oui, on constate un fourmillement d’acteurs sur le sujet, qu’il s’agisse de collectivités qui créent des services dédiés, ou d’associations et d’entreprises qui développent des solutions innovantes sur la prévention, la santé ou l’hébergement. Je pense notamment à l’entreprise normande cettefamille, que nous suivons depuis ses débuts, et qui déploie aujourd’hui partout en France ses solutions de co-location senior et d’accueil familial innovantes.
Notre accompagnement sur ces projets est essentiel. Il passe aussi en partie par l’action de notre Fonds Caisse d’Epargne Normandie pour l’initiative solidaire. Entre 2016 et 2023, ce fonds a soutenu 34 projets autour du « bien vieillir » en Normandie pour plus de 1,4 M€.
Le logement est-il un terrain d’action incontournable en matière de vieillissement ?
C’est un axe clé, bien sûr. La Caisse d’Epargne Normandie accompagne d’ailleurs beaucoup d’associations d’aide à domicile, notamment en milieu rural, ainsi que des bailleurs sociaux qui expérimentent de nouvelles voies, par exemple au sein de la société de coordination Territoires Habitat Normand (THN), que nous avons contribué à créer et dans laquelle Logéal Immobilière, par exemple, développe un programme autour du logement adapté et inclusif.
Il faut avoir en tête notre engagement historique dans le logement social, qui nous donne toute légitimité à accompagner au plus près les projets des bailleurs sociaux qui participent au maintien à domicile le plus prolongé possible.
Nous intervenons aussi sur des projets d’Ehpad avec ces bailleurs, et nous sommes investisseurs ou financeurs sur des projets de résidences services. Ce dernier point constitue un de nos axes de diversification, avec l’idée de booster des projets ancrés sur le territoire, à l’image de la résidence services seniors « Villas Ginkgos Les Demeures Rouennaises » de 118 logements dont nous avons fait l’acquisition sur le site de l’ancien Palais des consuls à Rouen.
L’innovation en matière d’habitat est-elle prometteuse en Normandie ?
Oui, de nouvelles approches du logement des seniors se développent sur le territoire. Nous sommes en veille sur ce sujet, nous les scrutons et voulons y contribuer activement. Avec des concepts parfois très novateurs, comme le projet de co-living senior Co-Coon Social Club, lancé à Maromme en juin 2024, que nous avons accompagné, et qui va se développer dans les années à venir à Rouen et au-delà.
Mais ce n’est pas nouveau, nous nous sommes engagés par le passé sur d’autres programmes inclusifs comme Cap Avenue à Rouen, qui mixe hôtellerie, résidence services seniors, logement étudiant, commerces et bureaux.
En milieu rural, nous accompagnons des projets comme « Label Vie en Auge » (Saint-Pierre-en-Auge), résidence de 45 logements dotés d’espaces communs, et qui permet de maintenir ses résidents dans leur bassin de vie historique.
Le périmètre de la Silver économie dépasse-t-il le seul secteur du logement ?
Oui et ça va même bien au-delà. Le secteur de la santé y est également incontournable. Nous sommes le premier financeur privé des hôpitaux, y compris les établissements de proximité. Nous finançons aussi beaucoup de maisons médicales, par l’intermédiaire de nos clients collectivités et bailleurs sociaux. Parce que bien vieillir, c’est d’abord vieillir en bonne santé.
Il faut aussi une vision connectée au quotidien pour bien répondre aux besoins. Notre proximité avec les territoires nous y aide. Le maintien des commerces dans les centres-villes ou les centres-bourgs est ainsi un paramètre essentiel du bien vieillir. Nous figurons au rang des investisseurs dans la Foncière Normandie, créée par la Région pour assurer le portage de long terme de projets d’immobilier commercial, en milieu rural notamment. C’est un facteur clé de lien social et d’aménagement du territoire, dans cette perspective du bien vieillir.
Vous défendez donc une vision large du sujet ?
C’est indispensable compte tenu de l’enjeu. Nous avons cette posture depuis longtemps déjà. Si l’axe logement – immobilier reste central, il faut s’engager aussi sur les thématiques santé, commerce de proximité, culture, équipements. La question du bien vieillir repose sur tous ces socles, et nous les connaissons bien.
