Spécialiste de la fabrication de produits de soins et d’hygiène, le Groupe Lemoine, basé dans l’Orne, a su résister à la crise. Et surtout s’adapter et répondre aux nouveaux besoins du marché.
C’est une entreprise normande qui compte mais elle est discrète. Et pourtant ! Seul producteur français de bâtonnets ouatés (il produit 33 milliards de Cotons-Tiges par an), le Groupe Lemoine, installé à Caligny, aux portes de Flers (Orne), n’est autre que le leader européen et numéro 2 mondial de son marché.
Victime, comme beaucoup, de l’arrêt brutal de l’économie en mars 2020, l’entreprise familiale, créée en 1978, a su faire face à la crise sanitaire mondiale. « Groupe français mais aussi international avec des usines à l’étranger, il nous a fallu trouver les bonnes réponses au bon moment, au bon endroit et faire avec les cultures locales », se souvient Alexandre Lemoine, directeur général du Groupe Lemoine et de sa filiale française.
Engagé dans l’effort tricolore
Sitôt « la sidération et la peur » passées, les 900 salariés, répartis à travers ses 10 usines (5 en Europe, une au Mexique et une aux Philippines), dont 220 dans ses trois sites français (tous situés dans l’Orne), ont pu reprendre le travail.
Très vite, le groupe s’est même engagé dans l’effort tricolore contre le nouveau virus. Face à une France dépourvue d’écouvillons, Jeanne Lemoine, directrice générale du Groupe également, fait le choix de se lancer dans la production de ces bâtonnets, jusqu’alors inconnus de l’industriel.
« On doit savoir faire », a aussitôt réagi ma mère. Effectivement, c’est quasiment le même objet qu’un coton-tige en plus long, 15 cm au lieu de 7cm, et qui doit être cassé pour partir en laboratoire. Elle a alors su fédérer autour d’elle tout l’écosystème français nécessaire et engager les équipes qui ont réussi à modifier une de nos machines », note Alexandre. En moins d’un mois, Lemoine livre ses premiers écouvillons dès avril 2020.
Après les écouvillons, les masques
Rapidement, la production dépasse le million d’unités par semaine. Si la réponse à l’urgence est un succès, la crise s’installe. Face à une baisse des ventes, notamment sur les disques de démaquillage, l’entreprise, qui affiche un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros pour 2020, poursuit son adaptation permanente, cette fois dans la fabrication de masques.
Soucieux de son indépendance, l’Etat Néerlandais lui-même sera son premier client, suivi de la France. « Cela nous permet de limiter l’impact de la chute de nos marchés traditionnels », observe le dirigeant.
20 millions par mois
Là encore, le masque se veut tricolore. Pour cela, l’entreprise, soutenue par ses partenaires bancaires dont la Caisse d’Epargne Normandie, a dû adapter ses systèmes de production et trouver les marchés dans l’hexagone. Désormais, la production de ces masques atteint les… 20 millions d’unités par mois !
« Il était très important pour nous que tous les composants soient français. Nous nous battons pour que la filière redevienne nationale et nous voulons apporter notre pierre à l’édifice »
Alexandre Lemoine
« Les Français se rendent compte de l’importance économique et écologique de la production locale et des circuits courts, assure Alexandre Lemoine. Il me paraît essentiel qu’on arrête d’acheter à l’autre bout du monde. C’est l’un des enseignements de la crise, qui aura été aussi un accélérateur de tendances. »
Le nouveau combat de la relocalisation de l’entreprise est engagé. Ce n’est pas un hasard si le Groupe Lemoine a été retenu dans le plan de relance du gouvernement.